Cosmétiques, pesticides, produits ménagers... Les perturbateurs endocriniens sont désormais partout autour de nous.
Comme leur nom l’indique, les perturbateurs endocriniens viennent perturber le système hormonal. Des dérèglements qui auraient des effets importants sur les fonctions reproductrices, thyroïdiennes, ou encore sur le neuro-développement. En effet, ces perturbateurs pourraient causer infertilité, puberté précoce, obésité, ainsi que des malformations congénitales, des cancers hormono-dépendants, et même des troubles de l’immunité, rappelle Santé Publique France.
Et depuis quelques années, certains produits que l'on met dans nos assiettes - ou dans nos verres - sont pointés du doigt comme des "perturbateurs naturels". Alors, pour éviter d’en ingérer directement, Dominique-Adèle Cassuto, endocrinologue et nutritionniste, nous éclaire sur ces derniers.
Le pamplemousse et le soja, des perturbateurs endocriniens naturels ?
“Chaque organe a un capteur d’hormones : ce que l’on ingère peut ainsi stimuler ou inhiber le récepteur qui est fixé sur l’organe”, débute-t-elle. C’est pour cela que ce que l’on mange peut venir perturber le système hormonal, car l’estomac ou les intestins ont des capteurs d’hormones, au même titre que le foie ou le pancréas, plus connus pour leur rôle dans la sécrétion des hormones.
Selon la spécialiste, deux aliments interagissent naturellement avec le système endocrinien. D'abord, le soja, explique l’endocrinologue : “il contient des phyto-œstrogènes, qui peuvent venir perturber le système hormonal, mais c’est seulement le cas pour les personnes non-asiatiques”, précise-t-elle. En effet, comme dans certaines régions d’Asie, le soja est consommé depuis très longtemps, l’organisme des personnes dont les ancêtres en mangeaient déjà a évolué pour dégrader les phyto-œstrogènes qu’on y trouve : les isoflavones. Ce n’est pas le cas pour le reste de la population mondiale.
Ainsi, consommer régulièrement du soja ou ses produits dérivés peut avoir des effets importants sur le plan hormonal. Il est donc déconseillé d’en consommer pour les femmes enceintes, les personnes en période pubertaire ou pour celles ayant des cancers hormono-dépendant. C’était le cas pour environ 70% des cancers du sein en 2020, selon la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer.
Le pamplemousse est également souvent pointé du doigt, non pas comme perturbateur endocrinien à proprement parler, mais comme pouvant "avoir des conséquences sur le système endocrinien". Cet agrume, notamment quand il est consommé sous forme de jus, est un inhibiteur enzymatique, c'est-à-dire qu’il agit sur des enzymes du corps qui permettent de métaboliser certaines substances, au niveau de l’intestin et du foie.
Plusieurs études ont ainsi montré qu’une consommation régulière de jus de pamplemousse pouvait être liée à une augmentation des hormones sexuelles chez certaines femmes (estrone et estradiol), particulièrement après la ménopause. Toutefois, les scientifiques semblent pointer du doigt que ces résultats dépendent largement du terreau de chacune des femmes testées, il est donc encore impossible de tirer des conclusions certaines à ce sujet.
Pesticides et emballages et conservation : l'effet cocktail
“Pour les perturbateurs endocriniens, il y a surtout un effet cocktail et un effet dose”, détaille Dominique-Adèle Cassuto. “Si notre produit est contenu dans un emballage qui contient des phtalates, qu'on le chauffe et qu'en plus, l'aliment a été contaminé aux pesticides, les effets sur le système hormonal sont décuplés”, décrit-elle.
Pour rappel, les phtalates sont un des composants qu’on retrouve dans la plupart des plastiques : film, adhésifs, emballages alimentaires, ou encore PVC, rappelle la European Chemical Agency (ECHA). Ces derniers contiennent des polluants éternels, les PFAS (substances perfluorées et polyfluorées) dont certains ont été reconnus comme des perturbateurs endocriniens.
Or, ces derniers sont particulièrement susceptibles de migrer dans les aliments, s’ils sont réchauffés. De même, des aliments gras sont plus susceptibles d’être "contaminés" par des perturbateurs endocriniens, "car ce sont généralement dans les graisses que sont stockés" les PFAS, indique l’experte.
Enfin, l’endocrinologue précise qu’on retrouve surtout plus de perturbateurs endocriniens dans les produits qui ont été traités avec des pesticides, ainsi que dans les produits transformés qui contiennent certains additifs. Ainsi, les parabènes utilisés pour la conservation des aliments (souvent marqués d’un E suivi d’un nombre à trois chiffres comme E210, ou E320 dans les listes d’ingrédients des produits industriels), contiennent des perturbateurs endocriniens, selon l’ONG Capsolidaire.
Les bonnes pratiques pour éviter les perturbateurs endocriniens
C’est ainsi le mélange de toutes ces données qui font que certains aliments peuvent perturber le système hormonal, d'autant plus s'ils sont consommés en grande quantité : il est donc important de mettre en place certaines bonnes habitudes qui permettent d’éviter de les ingérer.
Dominique-Adèle Cassuto propose donc d’éviter les produits transformés, particulièrement qu’on retrouve dans des emballages en plastique à chauffer, mais pas que. “Par exemple, boire de l’eau en bouteille alors qu’elle a 'chauffé' pendant plusieurs heures dans votre voiture, c’est une mauvaise idée”, ajoute-t-elle.
Enfin, “le mieux est de consommer des fruits et des légumes issus de l’agriculture biologiques, et de toujours les rincer et les éplucher quand c’est possible”, conclut-elle.
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