Installée en France, la fondatrice de Radio Begum et de Begum TV donne la voie aux Afghanes restées au pays. La journaliste et entrepreneuse afghane Hamida Aman pousse un cri d’alerte : depuis le retour des talibans en 2021, les droits des femmes sont supprimés petit à petit, et elle regrette que l’Occident les abandonne à leur sort.
"J'ai vite déchanté"
"Mi-août, les talibans ont promulgué une loi pour 'promouvoir la vertu et prévenir le vice' interdisant aux femmes de lire à voix haute, de réciter de la poésie ou de chanter en public. Leur corps et leur visage doivent être intégralement couverts.
Fondamentalement, ces mesures n'ont rien de nouveau : depuis leur arrivée au pouvoir en août 2021, des affichettes placardées dans toutes les administrations montrent la tenue exigée pour les hommes et les femmes dans l'espace public. Mais un seuil de tolérance existait, en particulier dans les centres urbains. Cette loi, édictée par le chef suprême, oblige désormais les fonctionnaires à appliquer ces nouvelles règles absurdes.
"J'ai été saisie moi aussi par ce vent d'optimisme qui a soufflé sur le pays quand les 'talibans 2.0' ont repris le pouvoir ; mais j'ai vite déchanté. Quand, en mars 2022, ils ont interdit l'accès à l'éducation aux filles de plus de 12 ans, j'ai compris qu'il allait falloir se battre."
Un espoir vain
"Des femmes refusent d'accepter le sort que ces obscurantistes leur promettent. Via WhatsApp, j'ai appris qu'une jeune femme, arrêtée récemment par une patrouille dans Kaboul, avait refusé de se couvrir le visage avec un masque. Ils l'ont laissée partir.
Ce sont ces filles qui continuent à déambuler avec aplomb que l'on vise. Vont-ils ressortir le bâton pour les mettre au pas ? Cela ne m'étonnerait pas. Combien de temps nous reste-t-il ? Je crains la fin des médias indépendants, dont notre radio, Radio Begum qui diffuse sur place, seule voix aujourd'hui des femmes dans le pays.
Des femmes livrées à elles-mêmes
Les militantes les plus aguerries sont parties, il ne reste plus grand monde sur le terrain. Certaines se font entendre sur les réseaux sociaux et tiennent tête au régime ; c'est touchant, mais elles sont extrêmement seules.
J'essaie de rester positive mais à part des communiqués d'indignation, personne ne stoppe cette surenchère contre les femmes.
Seuls les États-Unis pourraient faire entendre raison aux talibans, avec qui ils ont conclu un accord de paix dont les détails restent secrets. Or, en trois ans, ils ont donné plus de 20 milliards de dollars à l'Afghanistan.
Peut-être aurait-il fallu que ce soutien ne soit pas un chèque en blanc pour le régime et soit conditionné au respect des droits humains."
Vous pouvez soutenir Begum en faisant un don : helloasso.com/associations/ bow-radio-begum
Cet article a été initialement été publié dans la magazine Marie Claire numéro 866, daté de novembre 2024
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