Sir Lewis Hamilton, coprésident du Met Gala 2025, annonçait la couleur avant le jour J : "Ce sera l'une des nuits les plus puissantes, en particulier pour l'histoire des Noir-e-s, qui inspirera la prochaine génération de jeunes designers et de jeunes talents." Pour cause, le Metropolitan Museum of Art et son annuel banquet new-yorkais ont pour la première fois consacré le "Black Dandyism"—d'après le titre du livre Slaves to Fashion: Black Dandyism and the Styling of Black Diasporic Identity de la professeure Monica L. Miller — et, par extension, la définition de l'élégance selon la communauté noire à travers le monde. 

Avec un tel thème en toile de fond, les designers avaient hâte d'exprimer pleinement leur créativité lors de cette soirée suivie dans le monde entier. Un temps fort crucial dont iels savaient qu'il fallait s'emparer tant l'industrie de la mode reste difficile à pénétrer et à naviguer, du fait de l'invisibilisation et des discriminations qu'iels y subissent. Résultat, le lundi 5 mai 2025, stylistes, directeurs artistiques et costumier-ère-s afrodescendant-e-s ont saisi l'opportunité en plein vol.

Victoire pour les designers Noirs au Met Gala 2025 ?

Il faut tout de même préciser un point. Si la culture noire était à l'honneur, cela n'a pas empêché les mastodontes du luxe d'occuper une place de premier plan sur le tapis rouge. Les personnalités renommées ont ainsi choisi de porter Chanel, Dior, Prada et Valentino, entre autres. En résumé, des maisons de luxe historiques, fondées il y a des décennies par des personnalités non racisées et qui n'ont, à ce jour, encore jamais été pilotées par des stylistes noir-e-s. 

Certain-e-s observateur-rice-s déplorent donc un rendez-vous manqué lors de ce Met Gala 2025, qui aurait pu être l'occasion de mettre les couturier-ère-s afrodescendant-e-s à l'honneur sur une majorité de célébrités. Il faut tout de même retenir que nombre d'entre elles ont fait appel aux services de créateur-rice-s racisé-e-s. "Quand j'ai appris le thème, j'ai tout de suite voulu travailler avec Priya Ahluwalia", affirmait ainsi l'actrice Aimee Lou Wood quelques minutes avant d'arpenter le red carpet.

Le pilote de Formule 1 Lewis Hamilton, lui, s'est laissé sublimer par la créatrice noire originaire de Londres Grace Wales Bonner. Son nom fait grand bruit dans le milieu, notamment depuis qu'elle a gagné le trophée British Menswear Designer of the Year aux Fashion Awards 2024. Elle a sorti son épingle du jeu le lundi 5 mai, puisqu'elle a habillé six vedettes pour le Met Gala, dont l'acteur Jeff Goldblum et la chanteuse FKA Twigs.

Désignée comme une personnalité "émergente" du secteur, Torishéju Dumi a brillé sur le red carpet avec sa muse du soir, Kendall Jenner. Anifa Mvuemba, elle, est la styliste d'origine congolaise qui se cache derrière la griffe Hanifa. Elle n'a pas encore fait ses premiers pas dans le circuit de la Fashion Week, mais c'est son œil couture que Savannah James, l'épouse de LeBron James — président d'honneur du Met Gala qui a annulé sa venue en dernière minute à cause d'une blessure — est venue chercher. Les costumier-ère-s Paul Tazewell et Ruth E.Carter ont, elleux, participé à la confection de silhouettes marquantes, arborées par Chappell Roan, Janelle Monáe et Teyana Taylor.

En fin de compte, les stars qui ont valorisé des stylistes Noir-e-s peu reconnu-e-s sont celles qui ne sont pas liées par contrat à une maison de luxe. D'autres, comme Paloma Elsesser en Ferragamo, Zendaya en Louis Vuitton et Rosalía en Balmain, ont choisi de mettre en lumière, Maximilian Davis, Pharrell Williams et Olivier Rousteing,rares directeurs artistiques racisés au sommet de griffes italiennes ou françaises.

Ozwald Boateng, éminence grise de Givenchy dans les années 2000, LaQuan Smith, Charles Harbison, Maxwell OsborneEdvin Thompson... S'il doit y avoir un "après Met Gala", l'industrie comme ses observateur-rice-s se doivent de retenir et embaucher ces artistes célébrés sur le tapis rouge, le lundi 5 mai 2025.