7 heures à l'Association régionale spécialisée d'action sociale, d'éducation et d'animation (Arsea), à Strasbourg. Ils sont six hommes, de 25 à 50 ans environ, et de tous styles et origines, assis en cercle autour d'une table dans une salle de réunion. "Je vous propose de vous présenter et de dire pourquoi vous êtes là", les invite la psychologue de l'Arsea, Isabel Zapata, debout devant le tableau blanc. Comme à l'école, personne n'est pressé de se jeter à l'eau. "Je suis là pour violences conjugales. Voilà", souffle sobrement Éric*, quinquagénaire baraqué en pull gris clair et cheveux ras.
"Pareil", enchaîne Ayaz*, 25 ans environ, parka noire. Le frêle jeune homme agite nerveusement un pied sous la table. "Il y a des euh… des hauts et des bas, avec mon ex-copine." Bras obstinément croisés sur son sweat rouge, Aziz* ne comprend pas pourquoi il est là. "J'ai été envoyé ici pour violences 128 mais… j'ai rien fait, moi ! Il n'y a aucune preuve !" Isabel recadre avec une douce fermeté.
"Je suis là pour violences conjugales. Voilà"
"Menacer quelqu'un de mort, c'est grave et puni par la loi. Même si on se justifie en disant que c'était juste des paroles en l'air. On n'en sait rien. Et puis, nous sommes des êtres de parole. Si on doit vous croire quand vous dites : 'Je t'aime', pourquoi on ne vous croirait pas quand vous dites : 'Je vais te tuer' ?" Voilà plus d'une heure que ces hommes participent à ce groupe de parole, dans le cadre d'un "stage de responsabilisation" de six fois deux heures par semaine. Ils y ont été envoyés par le tribunal de Strasbourg, pour violence dite légère ou isolée contre leur compagne, petite amie ou ex.
"Quand on leur dit : 'Vous avez le choix entre soit être jugé au tribunal, avec la possibilité d'écoper de trois ans de prison et de 30 000 euros d'amende, soit un stage de responsabilisation à 240 euros de votre poche', le choix est vite vu, même s'ils traînent les pieds en arrivant", sourit Héloise Pelletier, assistante sociale à l'Arsea.