"Essayer de construire des ponts entre les humains, pas des murs" : telle deviendra la devise de la jeune Yuri, qui naît en 1921 dans une famille japonaise installée en Californie ; son père est un commerçant prospère, sa mère s'occupe du foyer.
Importante dans la région, la communauté nippone coexiste harmonieusement avec les autres – jusqu'au bombardement de Pearl Harbour par les Japonais en décembre 1941. Dès lors, aux yeux des autorités, "les Japs" deviennent les potentiel·les espion·nes d'une "5e Colonne". Environ 120 000 d'entre elles et eux, y compris de nationalité américaine (dont Yuri et ses proches), sont expédié·es dans des camps disséminés à travers les États-Unis.
Alliée de Martin Luther King et proche de Malcolm X
À la fin de la guerre, Yuri s'établit à New York avec Bill Kochiyama, un Nippo-Américain rencontré pendant ses années de détention. Au fil du temps, le couple fait des enfants (six !) et déménage à Harlem, en plein quartier Noir, par manque de moyens.
C'est alors que Yuri, âgée d'une quarantaine d'années, débute sa "carrière" de militante des droits civiques. Elle manifeste contre la pauvreté du système éducatif, contre les embûches qui frappent les Afro-Américain·es à la recherche d'un emploi. Elle se rend même à Birmingham, Alabama, en cette année 1963 où la ville est le théâtre de rassemblements antiségrégationnistes menés par Martin Luther King (et sévèrement réprimés).
Puis elle se rapproche du sulfureux Malcolm X, qu'elle reçoit chez elle à Harlem avec trois rescapés des bombardements de Hiroshima et Nagasaki. Quand il est assassiné, en 1965 à New York, c'est elle qui lui tient la tête alors qu'il agonise.
Yuri Kochiyama, une vie de lutte
Par la suite, ses combats redoublent. Elle s'insurge (toujours avec son mari) contre la guerre du Vietnam, pour l'indépendance de Puerto Rico, pour la reconnaissance par les États-Unis des préjudices créés par l'enfermement des Nippo-Américains dans les années 40...
Il faut attendre 1988 pour que Ronald Reagan décide, enfin, d'indemniser les rescapé·es des camps. Quant à Yuri, elle s'éteint en 2014, paisiblement, à l'âge de 93 ans.
- Votre magazine en version numérique en avant-première (+ les anciens numéros)
- Tous les contenus du site en illimité
- Une lecture zen avec publicité réduite
- La newsletter spéciale abonnées qui vous fera part :
- Des jeux-concours exclusifs
- De nos codes promos exclusifs
- Des invitations aux événements Marie Claire
VOTRE PACK BEAUTÉ & BIEN-ÊTRE
- 10 € de réduction sur la Box Beauté Marie Claire du moment
- 3 mois gratuits sur Le Tigre : Yoga, pilates, relaxation ... sans modération !